Garantie sans IA… ou pas !

Salut les rôlistes,

je rebondis suite à la vidéo parue sur la chaîne You Tube de Frédéric Sapp, « JDR : sale temps pour les pledges ». Je suis à 100% d’accord avec lui : il y a trop de pledges, trop de jeux en ce moment. Là où je le rejoins également, c’est au niveau du prix des livres qui est à la fois trop et pas assez cher. En fait, pour bien comprendre, il faut comparer un livre de base à une machine à café à dosettes. Le fabriquant vend la machine à perte, mais se rattrape avec les consommables, c’est-à-dire, les dosettes à café. Eh bien, pour le jeu de rôle, c’est pareil. Le livre de base est vendu à perte. Un éditeur, sur un projet de moyenne envergure, a 20 000€ de dépenses. Cela comprend les droits d’auteur ou de licence (environ 10%), les illustrations et la maquette (environ 40%) et le tirage chez l’imprimeur (environ 50%). Donc, pour rentrer dans ses frais, il faut vendre la suite : les suppléments. Sans eux, le prix de vente d’un livre de base tournerait plus autour de 100€ que de 50.    

De toute façon, pour beaucoup, c’est trop cher. C’est compréhensible. Alors pourquoi cracher sur les IA génératives d’images ? Cet article n’a pas pour vocation de relancer le débat sur internet que je connais bien. Je cherche à savoir pourquoi il y a autant d’animosité envers ce type d’outil, car pour moi, ce n’est rien d’autre qu’un outil. MidJourney, pour ne citer que lui, est un formidable logiciel qui permet véritablement de faire des économies. Du coup, je ne comprend pas l’origine de tous ses débats enflammés autour de ce type d’IA. On dirait que, pour certains, c’est devenu un véritable combat, comme s’ils avaient quelque chose à gagner dans cette histoire. Que préférez-vous ? Une illustration commandée à un professionnel toutes les 4 pages ou une par page mais générée par IA ? Ceux qui me répondent la première option sont des hypocrites ! Tous le monde plébiscitent des livres copieusement illustrés. Qu’on ne viennent pas me dire le contraire. Et en full color, sur le papier couché épais avec des reliures indestructibles, du vernis sélectif… Alors pour les miracles, prendre l’A64 direction Lourdes.

Je fais parti des petits éditeurs, des tout petits éditeurs. Alors lorsque j’annonce la sortie de mon prochain jeu de rôle dans lequel 95% des illustrations proviennent d’IA et que les premiers retours, sans même connaître la qualité du jeu, sont négatifs à cause de cela, je suis blessé et très en colère. Alors, j’entend l’argument comme quoi les IA volent le travail des illustrateurs. Non, elles s’en inspirent, comme tous le monde. Le talent pur n’existe pas, on copie et copie sans cesse, s’inspirant des grands maîtres pour, avec un peu de chance, développer son propre style après des années. Personne n’a la science infuse ! Je suis dessinateur, mes maîtres sont Dany, Milo Manara, Olivier Vatine, Michael Turner… Je m’inspire de leur travail, de leur qualités, pour créer mes propres dessins. Je mixe tout cela pour développer mon propre style. Les IA génératives d’images font exactement la même chose.

Pour conclure, je ne suis pas voyant, mais je parie qu’à très court terme, de nombreux (petits et moins petits) éditeurs de jeux de rôle utiliseront l’IA pour des raisons pratiques et économiques. Assumeront-ils ce choix ? Est-ce que les prix baisseront ? L’avenir nous le dira.