Devenir éditeur de jeux de rôle

Devenir éditeur

Passer d’auteur édité à éditeur de ses propres créations n’est pas un long fleuve tranquille. Voici un court retour d’expérience de cette première année sous les nouvelles couleurs de Napalm éditions.

Alors avant toute chose, pourquoi ce nom ? Comme souvent dans le milieu de l’imaginaire, cela provient d’une expérience ludique personnelle. En ce qui concerne Napalm éditions, ce nom vient du surnom du premier personnage que j’ai créé à Subabysse. Il s’agissait d’un terroriste atlante du nom d’Angus Mc Brides (nom piqué à un célèbre illustrateur de l’univers de Tolkien), surnommé par les autres joueurs « Napalm » pour son penchant à tous faire sauter dans chaque scénario. Le personnage était un joli cœur amateur de cigares très inspiré de Cobra. Quelques années plus tard, lorsque Subabysse a commencé sa vie de jeu de rôle amateur, je suis parti sur le délire de créer une maison d’édition tirée du nom de ce personnage. Et c’est comme cela que Napalm éditions a vu le jour.

Il m’a fallu un an et demi pour finaliser la maquette de l’édition « 30e anniversaire » de Subabysse. Grâce à l’aide du très talentueux et très patient Josselin Grange, ce fut possible. Encore merci à lui. D’autres personnes m’ont beaucoup aidées dans cette phase créative : mes amis Oliver Cova, Nicolas Garros, Maryline Mancini et ma femme Christel (je t’aime ma princesse). Être bien entouré n’est pas une option dans ce genre d’entreprise, c’est indispensable ! Nombreuses furent les fois où j’étais sur le point de tout abandonné. Je vais vous dire ce qui m’a fait tenir bon : mon entourage, le fait de vouloir donner à nouveau la vie à mon plus grand projet personnel et l’envie de revanche suite à la catastrophe de la précédente édition. Je ne m’étalerai pas sur ce sujet. J’ai un tort dans cette affaire, celui d’avoir fait confiance à la mauvaise personne. Elle, par contre, même après un jugement en justice clair et sans appel me donnant raison (annulation du contrat éditorial), continue à me mettre des bâtons dans les roues et à répandre de fausses informations à mon sujet.

Bref, cette première phase créative s’est plutôt bien passée, à part que ça m’a couté les deux reins pour financer la maquette. Mais n’est-ce pas le prix de la passion ? D’ailleurs, je tiens à râler officiellement (mais gentiment) après les illustrateurs en général. Je vois souvent sur les forums et autres groupes FB que vous êtes mal payés pour votre travail… C’est sans doute le cas. Mais au moins, vous êtes payés ! En ce qui me concerne, je paye mes illustrateurs « rubis sur l’ongle ». Je pense que c’est le cas pour beaucoup d’éditeurs. Au final, le coût des illustrations pour un jeu comme Subabysse représentent 80% du prix total du projet (sans compter l’impression). C’est colossal ! Sachant qu’à cette étape, vous n’avez rien vendu et qu’il faudra attendre le financement participatif pour rentrer dans ses frais, du moins, en théorie (ça n’a pas était le cas pour Subabysse). Tout ça pour dire que vous avez le beau rôle au final. Mais bon, tout travail mérite salaire, c’est normal.

La partie éditoriale m’était totalement inconnue, j’ai appris sur le tas. Savoir la différence entre CMJN et RVB, connaitre le taux d’encrage et le corriger, les DPI d’une image, les fonds perdus, maitriser les logiciels de retouche d’images et pour la maquette, les BAT… J’ai dû me familiariser avec ce nouveau, mais très intéressant, jargon propre au milieu de l’édition et par conséquent, des imprimeurs. D’ailleurs, je tiens à remercier la société Pulsio (https://pulsioprint.com/) qui a été très pro et surtout très patiente avec moi. Les livres et les paravents sont de très bonne manufacture.

Après de nombreux échanges et devis, les impressions furent lancées. Ah oui, j’allais oublier : le financement sur Game on tabletop. Alors, avant de lancer la campagne, j’ai dû la préparer sur leur site, heureusement, très bien conçu. Cela m’a prit tout de même un mois pour configurer les images, préparer les visuels, mettre en page… et surtout, déterminer les différentes formules. Mais ce n’était pas le plus compliqué ! Le lancement et surtout, le suivi de la campagne pendant trois semaines (+ une semaine de « late pledge ») furent épuisants. On m’avait prévenu, « tu vas y passer ta vie ». Et ce fut le cas. Tous les jours il fallait répondre aux différentes questions : quoi de neuf dans cette édition par rapport à celle d’avant, la différence avec Polaris, les nouveautés, les nouveaux produits… Heureusement j’ai eu beaucoup d’aide de la part d’amis (merci Olivier et Julien) et fait de belles rencontres comme celle de Philippe Tessier, l’auteur de Polaris. Merci aussi à Black Book Éditions et à ceux de Game on tabletop qui m’accompagnèrent dans ce projet.   

Quelle excitation de recevoir une palette de livres au courant de l’été 2021. Ce fut l’aboutissement d’un projet personnel magnifique qui, je l’espère, lancera pour de bon ce jeu dans l’univers ludique francophone. Je pense qu’il le mérite et pas seulement parce que j’en suis l’auteur.

La dernière étape fut l’expédition d’environ 80 colis. Des amis, toujours les mêmes, s’organisèrent pour faire 90% du travail sur une journée. Ce fut éprouvant, et mon genoux s’en souvient encore. Avec les retours de Mondial Relay pour cause d’oubli de venir chercher le colis et les aléas de ce genre d’expédition de masse, il a fallu un bon mois pour tout régler. Ce fut plus long que ce que j’avais imaginé. Et à part un pledger qui ne donne aucun signe de vie, tous furent livrés avec un trimestre d’avance !

En conclusion, ce fut une expérience des plus éprouvantes mais aussi l’une des plus enrichissantes. Avec ses questions, ses doutes, ses trolls, ses problèmes mais aussi avec ses joies et surtout avec ses bonnes rencontres. En dehors de cette première phase que je considère comme une réussite, j’ai croisé de belles personnes. Des gens adorables et altruistes comme Laurent Rambour (LETO), Philippe Tessier (Polaris), Philippe Jaillet (Posidonia éditions), Christophe Denouveaux (La loutre rôliste), Geek Powa (chaîne YouTube)… qui virent spontanément m’aider sur ce projet alors que je ne les connaissais pas ou très peu.

C’est une expérience très éprouvante, chronophage, onéreuse et risquée que je ne conseillerai pas à tout le monde. Si vous souhaitez vous autoédité, il existe des moyens bien plus simples que le chemin que j’ai pris avec Subabysse. Si vous décidez d’emprunter cette voie, soyez bien entouré, c’est le principal conseil que j’ai à vous donner.

La suite… ? Eh bien, oui, nous préparons la suite de Subabysse qui devrait être en financement courant premier trimestre 2022. Lorsque les fonds seront plus hauts, nous envisageons aussi l’édition d’autres jeux de rôle francophones ou de livres dont vous êtes le héros. Je tiens à préciser que Napalm éditions est une entité bicéphale composé de mon épouse Christel, responsable éditoriale et de moi, l’auteur de Subabysse.  

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